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Séisme en Afghanistan : être une femme sous les décombres
par E.A, publié le 15 septembre 2025

Dans la nuit du 31 août au 1er septembre, un violent séisme a frappé l’Est de l’Afghanistan. De magnitude 6 avec des répliques de magnitude 5,2, le séisme a entraîné plus de 1 400 morts et 3 100 blessés. Ce séisme, un des plus importants que l’État ait connu, a entraîné de nombreuses destructions d’habitats et a rendu de nombreux lieux inaccessibles.

L’Afghanistan est un pays isolé, depuis l’accession au pouvoir en 2021, d’un gouvernement taliban. Ce gouvernement a pris de nombreuses mesures entravant les libertés des femmes au sein de la société. Interdites d’aller à l’école après 12 ans, de poursuivre des études supérieures, de travailler dans l’administration du pays, les femmes ont été peu à peu invisibilisées de la vie publique.

Le séisme a mis en lumière l’étendue de cette invisibilisation. Beaucoup de victimes féminines ont été prises en charge en moyenne trois jours après les hommes, en raison de plusieurs obstacles. La première cause du manque de prise en charge des femmes lors du séisme est l’absence de personnel médical féminin. Selon des sources locales rapportées par Deutsche Welle, les centres médicaux des provinces touchées sont en manque de personnel médical féminin permettant la prise en charge des blessées. Cela est dû au recul du droit des femmes dans le pays. Les femmes ne peuvent plus étudier la médecine, celles ayant déjà un diplôme ne peuvent plus travailler dans des administrations publiques, sauf sous conditions précises. Les femmes ne peuvent plus se déplacer seules dans l’espace public, elles doivent obligatoirement être accompagnées d’un mahram, membre masculin de la famille proche (père, fils, mari, oncle paternel ou grand-père).

Ce sont également les mahrams qui sont les seuls autorisés à toucher les femmes de leur famille. Si un homme en dehors de ce cercle touche une femme, les deux peuvent être condamnés à des peines allant de l’amende à la peine corporelle. Les lois empêchant les contacts physiques avec les femmes ont empêché de nombreuses opérations de sauvetage et elles représentent la seconde raison de cette différence de traitement des victimes du séisme. Le sauvetage des femmes dans les décombres du séisme s’est avéré compliqué, de nombreuses victimes sont à déplorer à cause de cette absence de prise en charge.

Être une femme en Afghanistan devient de plus en plus complexe, leur absence de la vie publique devient dangereuse pour leur survie. En effet, si les talibans maintiennent ces interdictions les femmes seront laissées à l’abandon dans leur traitement médical. Dans un pays où la mortalité maternelle et infantile est déjà très élevée, cette situation pourrait s’aggraver dans les prochaines années.

Sources