Chamsin

Crise Iran-Israël (24/06)

Du 20 au 24 juin 2025, la séquence de crise a vu s’imbriquer trois dynamiques majeures : une escalade militaire à coups de missiles et de frappes ciblées, une compétition féroce pour l’image, et une stratégie plus diffuse de changement de régime.

- 14h00 (Paris) : Suite à une violation du cessez-le-feu attribuée à l’Iran, le président américain Donald Trump a demandé au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu de ne pas lancer d’attaque en représailles . Netanyahu a toutefois répondu qu’il était impossible d’annuler la frappe, estimant qu’une réponse était nécessaire face à la rupture de la trêve par l’Iran. Finalement, Israël a décidé de limiter la portée de sa riposte : au lieu de viser de multiples objectifs, une seule cible a été attaquée.

- 13h40 (Paris) : Des explosions ont aussi été signalées à Téhéran. Ce regain de tensions intervient alors que chaque camp accuse l’autre d’avoir enfreint le cessez-le-feu, et que Washington déplore l’échec de la trêve, Donald Trump affirmant que tant Israël que l’Iran en ont violé les termes peu après son entrée en vigueur. Israël, de son côté, maintient sa détermination à réagir à toute nouvelle attaque et affirme que la sécurité nationale prime sur toute considération diplomatique

- 12h20 (Paris) : Parallèlement, un cessez-le-feu a été annoncé par Donald Trump et salué par plusieurs acteurs internationaux, dont le Kremlin, qui espère qu’il sera durable. Moscou, tout en condamnant les frappes occidentales contre l’Iran, se positionne comme médiateur potentiel et réaffirme sa volonté de renforcer ses liens stratégiques avec Téhéran, sans toutefois s’engager militairement.

- 12h00 (Paris) : Après les frappes américaines et israéliennes qui ont visé ses installations nucléaires, l’Iran a annoncé avoir pris toutes les mesures nécessaires pour garantir la continuité de son programme nucléaire. Mohammad Eslami, chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a précisé que les plans pour remettre en état les sites touchés étaient déjà prêts et que la production ne serait pas interrompue. L’Iran affirme ainsi avoir anticipé les attaques et être en mesure de poursuivre ses activités nucléaires malgré les dégâts subis (peu probable que les sites d’enrichissement reprennent leur activité tout de suite).

- 10h20 (Paris) : Israël et l’Iran restent toutefois en état d’alerte. Israël promet de « riposter avec force » à toute violation du cessez-le-feu, tandis que l’Iran, qui nie avoir lancé de nouveaux missiles après l’annonce de la trêve, assure rester prêt à répondre à toute nouvelle agression. Le Conseil de sécurité nationale iranien affirme avoir contraint Israël à cesser unilatéralement les hostilités, mais prévient que la République islamique garde « le doigt sur la gâchette »

- 10h00 (Paris) : Au petit matin, alors que le cessez-feu annoncé par Washington vient à peine de s’appliquer, Jérusalem affirme que Téhéran a violé l’accord en lançant deux missiles balistiques vers le nord du pays, aussitôt détruits par le Dôme de Fer. Le ministre de la Défense Israël Katz condamne « une rupture grave » et ordonne à l’armée de préparer une réponse « dans le cœur même de Téhéran ». Dans le même esprit, un haut responsable israélien déclare que « l’Iran paiera » pour cette attaque, tandis que le chef d’état-major Eyal Zamir promet des frappes puissantes contre toute infrastructure impliquée. À Londres, The Times rapporte que l’exécutif israélien qualifie déjà le cessez-feu de « cadre vidé de sens » et envisage d’élargir ses cibles si de nouvelles salves surviennent.

Chronologie resserrée

Bilan militaire et vulnérabilités

La défense aérienne israélienne a intercepté environ 80 % des engins tirés, mais les 10 % restants suffisent à montrer que l’Iran conserve une capacité de saturation à courte portée. Côté iranien, les frappes alliées ont détruit ou neutralisé au moins trois cascades IR-8 à Fordo et deux ailes de drones de la force aérospatiale des Gardiens. L’Iran sort donc affaibli sur le plan conventionnel, mais sa panoplie asymétrique reste intacte : missiles de croisière maritimes, drones suicides, groupes partenaires au Levant.

Objectifs américains et israéliens

Le Conseil de sécurité nationale des États-Unis assume un double pari : retarder le programme nucléaire et pousser l’élite iranienne vers un choix impossible entre négociation et implosion interne. Des experts du CSIS estiment qu’une pression mal calibrée peut au contraire nourrir l’adhésion populaire autour du drapeau et accélérer la militarisation du programme. Du point de vue israélien, l’opération s’inscrit dans une doctrine d’interdiction permanente plus qu’une quête explicite de changement de régime, mais la rhétorique politique entretient la confusion et ouvre la porte à une surenchère.

Intérieur iranien

La République islamique subit une crise économique aggravée par la chute de 20 % de ses exportations pétrolières depuis mi-juin. Les conservateurs accusent la faction réformatrice d’avoir mal parié sur une détente avec l’Occident, tandis que la rue oscille entre fatigue et réflexe national. Selon une note de la RAND, une attaque étrangère renforce souvent le réflexe de survie du régime, même impopulaire.

Régionalisation potentielle

Le détroit d’Ormuz demeure l’outil de coercition le plus efficace pour Téhéran. Une fermeture même partielle ferait bondir le prix du baril et testerait la coordination navale occidentale. Dans le même temps, la diplomatie chinoise valorise un projet de résolution au Conseil de sécurité qui condamne les frappes américaines et appelle à un cessez-le-feu durable sans toutefois désavouer totalement l’Iran : Pékin cherche surtout à préserver la fluidité de ses importations énergétiques. L’Union européenne reste divisée entre soutien formel à Israël et crainte d’un engrenage nucléaire ; Bruxelles privilégie des garanties humanitaires et la protection des bâtiments diplomatiques.

Scénarios à trois mois

Parfum de déjà-vu dangereux

Comme en 2003 pour Bagdad, comme en 2011 pour Tripoli, la tentation de faire vaciller un régime jugé hostile ne tient pas compte de la plasticité des structures autoritaires. Sans projet politique inclusif ni mécanisme de vérification international, le cessez-le-feu du 24/06 reporte simplement l’affrontement. La répétition historique met en garde : la pression extérieure peut reconduire une dynamique répressive interne et produire un chaos plus durable qu’une victoire militaire rapide.


Sources