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Benjamin Netanyahou crise
La guerre contre l’Iran, un levier politique pour Benjamin Netanyahou
par Chamsin – publié le 28 juin 2025

Depuis quelques semaines, Benjamin Netanyahou semble renaître de ses cendres après la débâcle du 7 octobre 2023. Alors que le Premier ministre israélien apparaissait jusque-là « diminué » et impopulaire, la perspective d’un conflit direct avec l’Iran et le soutien militaire des États-Unis lui ont offert un formidable sursis. À Tel-Aviv, l’opinion publique, jusque-là très divisée, rallie massivement son chef de gouvernement dans cette nouvelle crise. Comme le résume l’hebdomadaire Al-Monitor, Netanyahou est désormais « en excellente position pour exploiter l’opération militaire contre l’Iran et son soutien américain pour reconquérir de nombreux électeurs israéliens ».

Dôme de fer Tel Aviv
Au crépuscule du 13 juin 2025, le ciel de Tel-Aviv est zébré par des volées de missiles iraniens.
Sur le sol, les batteries du « Dôme de fer » interceptent les projectiles, tandis que la guerre médiatique bat son plein.

Cette escalade militaire survient après que l’armée israélienne a mené des frappes aériennes contre plusieurs sites nucléaires iraniens, espérant ainsi freiner ce que Netanyahou et ses proches qualifient de « menace existentielle ». Pour nombre d’Israéliens, la destruction ou la neutralisation du programme nucléaire de Téhéran justifie pleinement ce recours à la force. D’après un sondage publié le 22 juin, 73 % des Israéliens approuvent ainsi les attaques sur l’Iran et seulement 18 % y sont opposés.

Conférence de presse Netanyahou
Netanyahou orchestre la riposte médiatique : images choisies, déclarations martelées, et un récit nationaliste qui balaie les critiques intérieures.

Une doctrine de longue date : l’ennemi iranien

Cette nouvelle guerre s’inscrit dans la continuité de la doctrine de sécurité israélienne : depuis des décennies, Tel-Aviv considère l’Iran révolutionnaire comme un ennemi héréditaire. Les dirigeants iraniens, de Khomeiny à Khamenei, ont fait de la résistance contre Israël une partie intégrante de leur légitimité, tandis que Netanyahou, depuis les années 1990, a élevé la lutte contre le nucléaire iranien au rang de « croisade personnelle ». À l’ONU comme à la Knesset, il n’a jamais manqué une occasion de présenter Téhéran comme l’ennemi ultime – illustration d’un discours de guerre froide dont il perçoit le double dividende aujourd’hui.

« Netanyahou est désormais en excellente position pour exploiter l’opération militaire contre l’Iran et son soutien américain pour reconquérir de nombreux électeurs israéliens. »
– Al-Monitor, juin 2025
Netanyahou et Trump à Washington
Le soutien américain, ciment de la stratégie Netanyahou
L’entrée en guerre des États-Unis, actée le 22 juin, a bouleversé l’équation régionale et redonné de l’élan à la droite israélienne.

Le tournant américain et l’effet « rally around the flag »

Dans la nuit du 21 au 22 juin, l’aviation américaine a pilonné trois sites nucléaires iraniens, dont la fameuse installation souterraine de Fordo. Benjamin Netanyahou n’a pas caché sa satisfaction : dans une vidéo diffusée au petit matin, il a remercié Donald Trump et assuré que l’intervention américaine allait « changer l’histoire ». Ce revirement spectaculaire, résumé par Le Monde, a consacré le succès d’une stratégie patiemment construite : faire de l’Iran « l’incarnation de la menace extérieure ».

Popularité retrouvée et incertitude politique

Les sondages confirment la remontée spectaculaire du Premier ministre. Channel 14 indique que 54 % des Israéliens affirment faire « confiance » à Netanyahou ; une inversion totale de tendance depuis la guerre de Gaza et la crise du 7 octobre. Selon le Israel Democracy Institute, près de 70 % jugent légitime la décision d’attaquer l’Iran. Le Likoud gagnerait 5 sièges à la Knesset, mais la majorité absolue reste hors d’atteinte sans coalition.

« Le conflit fait taire les critiques à son encontre, en remobilisant le patriotisme national et en déplaçant le débat vers l’union face à l’ennemi extérieur. »
– Nitzan Perelman, sociologue

Reste l’incertitude : la victoire médiatique se traduira-t-elle par un renforcement durable du pouvoir ? Rien n’est moins sûr, tant la société israélienne demeure fracturée, et tant les dossiers judiciaires de Netanyahou pèsent encore sur sa légitimité.

Conclusion : une victoire sous conditions

Le conflit Israël–Iran a incontestablement servi d’électrochoc pour Netanyahou, redonnant du crédit à son discours sécuritaire et rassurant l’électorat au sein d’un climat anxiogène. Le phénomène n’est pas inédit : au lendemain de crises majeures, les opinions tendent à se souder derrière les autorités. Mais l’histoire le montre : même un « phénix » comme Churchill ne fut pas réélu en temps de paix. Netanyahou en est conscient : le vrai pari sera de transformer cette « nouvelle ère » d’élan national en succès politique pérenne, sans négliger la résolution de l’autre conflit toujours en cours.

Sources : Al-Monitor, Le Monde, BFMTV, AA.com.tr, AP News, Israel Democracy Institute.