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Minorités en Syrie : Sécurité en juin 2025

Le régime de Bashar al‑Assad s’est effondré en décembre 2024, remplacé par un gouvernement intérimaire dirigé par Ahmed al‑Sharaa, ancien chef de Hay’at Tahrir al‑Sham (HTS). La prise de pouvoir a engendré un vide sécuritaire, comblé partiellement par une alliance hétéroclite de milices, forces étatiques et surveillances de quartier. Aux niveaux international et intérieur, al‑Sharaa cherche à légitimer son autorité : inclusion symbolique de minorités dans le cabinet, visite d’une délégation juive, promesse de justice transitionnelle . Mais son passé islamiste suscite méfiance, notamment chez Alawites, Kurdes, Druzes et chrétiens.

Chrétiens : retour des attaques

Le 22 juin 2025, un attentat-suicide à la bombe a frappé l’église grecque-orthodoxe Mar Elias à Dweil’a (banlieue de Damas), tuant ~25 personnes et blessant 63. L’attaque a ravivé la crainte d’une résurgence de l’État islamique exploitant le vide sécuritaire .

Le leadership chrétien accuse le gouvernement de défaillance sécuritaire. Le Patriarche John X Yazigi a lourdement critiqué al‑Sharaa, en demandant des mesures concrètes .

Dans des lieux historiques comme Maaloula, persiste une insécurité chronique autour de sites religieux et linguistiques (aramaïque).

Alawites : massacres et déplacements

Depuis mars 2025, de violents massacres visant les civils alawites ont éclaté en zones côtières (Latakia, Tartus, Hama, Homs), sous forme de représailles entre anciens loyalistes d’Assad et milices de la nouvelle administration.

Ces tueries (plus de 1 000 morts) s’inscrivent dans un cycle de violences sectaires, avec exécutions à domicile, pillages et incitations à la haine .

Face à cette crise, le gouvernement condamnait ces massacres et promettait poursuites, tout en émettant une fatwa contre les exécutions sommaires . Mais l’absence d’enquête indépendante et la persistance des violences révèlent l’incapacité à stabiliser ces régions.

Druzes : affrontements et autonomie

Fin avril -début mai 2025, des affrontements ont opposé militaires de Damas et milices druzes dans la région de Suwayda, provocant une centaine de morts .

En réponse, un conseil militaire druze s’est structuré pour défendre la communauté, exigeant autonomie politique, forces locales et garanties sécuritaires .

Kurdes : entre résistance et fragilité

Les Kurdes dans le nord‑est, contrôlés par l’AANES/SDF, demeurent fragilisés par l’offensive turque qui a endommagé infrastructure et zones civiles.

Ils dénoncent la nouvelle constitution intérimaire (mars 2025) comme trop centralisatrice et insuffisamment protectrice des minorités.

Perspectives

En juin 2025, la Syrie post‑Assad est un pays en recomposition, traversé de lignes de fracture majeures. Les minorités chrétienne, alawite, druze et kurde évoluent dans un climat d’insécurité chronique, de violences sectaires et de manque de protection étatique. Malgré des initiatives politiques symboliques et quelques avancées juridiques, la réalité sur le terrain est celle d’un État encore fractionné, dépendant de milices, incapable pour l’instant d’assurer des garanties collectives. Sans une réforme profonde : intégration politique effective, contrôle des milices, renforcement de l’appareil judiciaire, réformes constitutionnelles inclusives, et assistance internationale ciblée, le risque demeure d’un éclatement de la cohésion sociale syrienne — avec une segmentation croissante entre communautés, territoires et alliances de sécurité.

Sources :